L’établissement du système de conduite des vignes dédiées au vin rosé s’est fait en parallèle de l’augmentation de ces volumes de vin. En cela il n’est souvent qu’une adaptation du système cultural utilisé pour mener les vignes dédiées à la production de vin rouge ou de vin blanc. Le système cultural utilisé actuellement permet de produire un vin rosé conforme à la typicité que l’on attend et répondant aux attentes du marché, mais n’a pas été étudié à cette fin.
Depuis que le Rosé est devenu un vin « à part entière », depuis qu’il n’est plus produit « par défaut » et qu’on lui applique une vinification spécifique, on découvre que la qualité du raisin tient une place déterminante dans son processus d’élaboration. On comprend donc combien le type de viticulture peut être important et que l’on ne conduit pas une vigne de la même façon selon que l’on produit un vin blanc, un vin rouge ou un vin Rosé. On suppose aussi que des modes de conduite diversifiés et adaptés permettront une segmentation des raisins et des vins susceptibles de répondre aux attentes variées du marché.
Après des acquisitions faites sur les technologies de vinifications, la filière fait remonter la nécessité de s’intéresser à des problématiques amonts, viticoles. Des études consacrées au terroir, aux cépages, à la gestion des intrants sont déjà menées.
L’intégration de tous ces éléments en une étude consacrée aux systèmes de conduite est nécessaire dans le cadre de l’adaptation à un contexte changeant : la pression sociétale demandant une réduction des intrants et des produits phytosanitaires, l’adaptation au changement climatique et à l’occurrence plus fréquente d’évènements climatiques exceptionnels (gel, sécheresse) dans un contexte
économique tendu avec une concurrence accrue d’autres régions productrices de vins rosés
Dans la plupart des vignobles, il n’y a actuellement pas d’adaptation de la conduite de la vigne selon qu’elle est destinée à produire du vin blanc, rosé au rouge. Le vin rouge et le vin rosé sont tous deux produits à partir de raisins noirs, et la destination qui est faite de ces raisin est parfois déterminée par défaut en étant contraint par la demande du marché (quelle est la part de rosé et de rouge à produire) et par l’état du raisin et des vignes à la vendange : les parcelles jeunes, celles à vigueur excessive, à l’état sanitaire moyen, les raisins moins mûrs seront mieux valorisées en rosés ; les vieilles parcelles, les raisins concentrés seront plus aptes à être vinifiés en vin rouge.
Ce manque d’itinéraire dédié à la production spécifique de vin rosé entraine inévitablement une baisse de l’efficience de la production, que ce soit en termes de rentabilité économique, de rendu quantitatif ou qualitatif. Une adaptation de l’itinéraire de production pour atteindre l’objectif produit désiré doit permettre d’aboutir au même résultat qualitatif voire une qualité supérieure, à rendement égal ou supérieur.
L’étude prévoit de travailler en première approche sur le Grenache N, cépage majoritaire de la région Provence dans la production de vins rosés de Provence mais elle pourra inclure à terme d’autres cépages tels que le Cinsault N ou la Syrah N. Le projet se propose également de sortir du cadre de contrainte du Cahier des Charges des appellations de Provence ; il doit être innovant et se propose d’explorer un large spectre de leviers permettant d’aboutir à l’itinéraire technique idéal.
En cela il ne doit pas être contraint par les réglementations viticoles. L’étude se plaçant dans le contexte du réchauffement climatique et des problématiques actuelles liées aux intrants phytosanitaires, elle intégrera dans sa démarche une contrainte supplémentaire qui est de trouver un itinéraire économe en intrants, notamment en herbicides mais aussi en fongicides.
Le cadre de travail n’inclut pas spécifiquement le volet économique : on accepte une légère augmentation des couts de production, compensées par une hausse de rendement attendue et
une régularité qualitative de la production.
L’étude s’intègre aussi dans les problématiques de changement climatique puisqu’elle inclut dans ses itinéraires une gestion fine de l’irrigation, la possibilité d’utiliser des cépages résistants à la sécheresse et des leviers viticoles afin de limiter l’évapotranspiration. La prise en compte du milieu naturel dans la définition du cadre de contrainte (non utilisation des herbicides, intégration dans le paysage viticole local) tient également lieu de l’importance écologique de la viticulture.
La problématique consiste à trouver un itinéraire complet de conduite des vignes qui soit adapté à la production d’un objectif « vin rosé » défini.